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haut de vos toits et de vos fenêtres, jetez des briques, des tuiles et des pavés sur la tête des satellites de nos tyrans, cette mercenaire soldatesque de l’Angleterre. » Après avoir ainsi excité leur ardeur, il entremêle quelques paroles pour le bon ordre : « Réprimez et prévenez tous excès, tout pillage et toute dévastation. » Et afin de leur donner ce calme d’esprit qui leur est si nécessaire pour suivre ce salutaire avis, il leur recommande « de se rappeler quels sont ceux contre lesquels ils combattent, leurs oppresseurs depuis six cents ans ; de se rappeler leurs massacres, leurs tortures ; de se rappeler leurs amis assassinés, leurs maisons brûlées, leurs femmes violées. » Ainsi, en affectant de recommander la modération, il emploie tous les moyens qui peuvent tendre à exciter des hommes sanguinaires à verser le sang.

Messieurs, vous désirez, sans doute, savoir ce que devint le prévenu après avoir déserté ce mémorable combat qu’il avait dessein de livrer. Le premier lieu où je puis vous le montrer est dans la maison d’un certain Doyle qui réside près des montagnes de Wicklow. C’est la que se réfugièrent le général et ses compagnons au commencement de la semaine suivante ; ils y arrivèrent sur le soir ; le général était encore revêtu de son grand uniforme avec ses épaulettes, un chapeau monté et un grand plumet. Les deux autres personnes, dont j’ai déjà parlé, portaient également un habit vert avec des ornemens en or. Ils se présentèrent comme des généraux français, et s’entretinrent en français, espérant tromper le peuple par l’attente d’un secours étranger. Le prisonnier, à ce qu’il paraît, prononçait, par intervalles, quelques mots de mauvais anglais, et son lieutenant-général imitait son exemple : leur troupe se composait de quatorze hommes ; treize d’entre eux étaient armés de gros mousquets ; un seul, d’un mousquet ordinaire. Les officiers généraux allèrent se coucher avec leurs hôtes, laissant à leurs gens le soin de se pourvoir d’un gîte.