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avec le despotisme français, comme un moyen de fonder la liberté.

Cette proclamation ajoute que, « d’un bout du royaume à l’autre, il existe une coopération générale ». Je suis heureux de pouvoir dire qu’il a existé une coopération toute différente de celle qu’on espérait, un ardent et généreux concours de toutes les classes du peuple pour soutenir le roi et la constitution. Vous vous rappelez, messieurs, que, dans la grande proclamation, on s’étudiait à persuader au peuple qu’il n’avait aucune querelle religieuse à redouter de l’établissement d’un gouvernement nouveau ; mais le manifeste, sur lequel j’appelle votre attention, a pris une route toute différente ; il fait revivre les distinctions religieuses au moment même où il exprime le désir de les éteindre : « Orangistes, ne grossissez point le catalogue de vos folies et de vos crimes ; on a déjà abusé de vous pour la ruine de votre pays ; en vous faisant unir à vos tyrans, ne tentez pas une résistance inutile ; quittez le sentier de l’erreur, jetez-vous dans les bras de vos compatriotes qui vous recevront avec joie et béniront votre repentir.

« Compatriotes de toutes les classes, agissons avec union et avec accord ; catholiques, protestans, presbytériens, toutes les sectes profiteront également de nos bienveillans efforts. » Je veux ne point faire, sur ce passage, toutes les observations qui se pressent en mon âme, car je désire sincèrement qu’un même sentiment et un même esprit pût nous animer tous. Je ne puis que m’affliger de voir notre religion divisée en tant de sectes, espérant de la bonté de Dieu qu’il maintiendra du moins parmi nous une même foi politique.

Ce manifeste est également malheureux toutes les fois qu’il prescrit la modération. Écoutez l’avis qu’il donne aux citoyens de Dublin : « Dans une ville, chaque rue devient un défilé ; chaque maison, une batterie. Arrêtez la marche des oppresseurs ; chargez-les avec vos piques, c’est l’arme du brave ; du