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confiance en mes forces : nulle réflexion ne m’arrête ; et si mon espoir est sans fondement, si un précipice s’ouvre sous mes pas, devant lequel mon devoir m’interdise de reculer, je remercie le ciel de m’avoir donné assez de courage pour m’y précipiter, tandis que mes yeux sont encore tournés vers cette vision de bonheur que mon imagination s’est créée. »

Un homme qui n’aurait pas ressenti l’enthousiasme, n’aurait pu le décrire si bien : fatale erreur qui donne aux extravagances du vice toutes les couleurs de la vertu, et se nourrit avec transport des illusions de l’espérance jusqu’au moment de sa ruine ! Mais qu’on me permette de m’adresser aux raisons plus tranquilles de ceux qui n’éprouvèrent jamais ces transports de délire, et leur demander pourquoi donc partagèrent-ils toute sa folie ? Le paysan trompé a-t-il pu être entraîné à seconder ces sauvages projets sans partager l’exaltation qui leur donna naissance ? Comment a-t-il pu prêter l’oreille à la voix d’un homme qui s’avouait sourd aux conseils de la raison pour se livrer tout entier aux illusions de l’imagination, et se bercer de ses songes délicieux jusqu’à ce que la malheureuse victime soit plongée dans l’éternel sommeil. A-t-il résolu d’unir sa fortune à la sienne, ou n’a-t-il pas dû plutôt s’imaginer, en entendant parler d’un gouvernement provisoire, qu’il était cimenté par la sagesse et la prudence ? Il était bien loin de croire qu’il ne fût qu’une réunion d’esprits exaltés et de passions désordonnées. S’il en doute encore, qu’il l’apprenne du conspirateur lui-même, qu’il écoute sa voix et non la mienne, et qu’il s’éloigne du précipice dont il ignorait les dangers en concourant à de pareils desseins.

Messieurs, c’est aux mêmes sentimens qu’il faut attribuer la conduite du prisonnier le jour de l’attaque. Je le vois, dès le matin, vanter sa puissance, et promettre la victoire ; je le vois s’écrier follement qu’il fera trembler le château cette nuit ; je le suis au dépôt, et je l’y trouve haranguant ses