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faire taire un moment la raison ; peut-être quelques hommes auraient-ils pu espérer arriver à l’indépendance par une révolution ; mais une triste expérience nous a appris que les révolutions modernes ne sont pas la route de la liberté ; elles remuent la masse du peuple pour pousser ce qu’il y a de pire à la surface ; elles naissent dans l’anarchie, grandissent par l’effusion du sang et aboutissent au despotisme.

Ainsi donc, messieurs, le crime dont est accusé le prisonnier exige le plus sérieux examen, parce qu’il est atroce en lui-même, parce qu’au milieu des circonstances présentes rien ne peut l’atténuer.

Messieurs, le prisonnier comparaît accusé aux termes d’un très-ancien statut, celui de la 25e année du règne d’Édouard III, l’acte d’accusation est fondé sur trois de ses clauses : la première est relative au fait de comploter et imaginer la mort du roi ; la seconde, à celui d’adhérer à ses ennemis, et la troisième à celui de comploter pour lever la guerre contre lui : les deux dernières, à savoir celle d’adhérer aux ennemis du roi, et celle de comploter pour lever la guerre contre lui, sont si intelligibles par elles-mêmes, qu’elles ne demandent aucune explication ; mais la première exige quelque discussion.

Dans le langage de la loi, comploter la mort du roi, ne signifie et n’implique pas nécessairement une attaque contre sa personne ; tout complot qui a pour but d’opérer, par la force, un changement dans les lois, la constitution et le gouvernement du pays, conduisant nécessairement à l’anarchie et à la destruction générale, tend en définitif à mettre en danger la vie du roi ; dès-lors, toutes les fois que ce dessein est attesté et manifesté par des actes apparens ; toutes les fois que la personne qui a conçu ce projet emploie des moyens pour mettre à exécution ses vues criminelles, le crime de comploter et imaginer la mort du roi est complet.

En conséquence, messieurs, cet acte d’accusation énonce