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II


LES PRÉCURSEURS DU SYMBOLISME


1. Du Symbolisme dans la littérature française. — 2. L’École de Lyon et les mystiques du xvie siècle. — 3. Chateaubriand. — 4. Lamartine. — 5. Alfred de Vigny. — 6. Victor Hugo. — 7. Sainte-Beuve. — 8. Balzac. — 9. Gérard de Nerval. — 10. Baudelaire. — 11. Villiers de l’Isle-Adam.

1. Le symbolisme ainsi conçu était-il vraiment une nouveauté dans les lettres françaises ? L’histoire de la littérature n’est pas uniquement le catalogue des grands courants qui dominent un siècle et lui donnent ses caractéristiques. Il y a toujours à côte des sous-courants, qui dans l’ombre commencent à se frayer un chemin difficile, modestes rivières qui se grossissent de plus modestes ruisseaux jusqu’au jour où, fleuves à leur tour, elles étalent sous le ciel la nappe immense de leurs ondes. Pour n’en citer qu’un exemple, le xviie siècle, à côté des réguliers du rationalisme, hors des allées du Parnasse, ratissées par Malherbe et sablées par Boileau, ne compte-t-il pas une foule d’indépendants, enfants perdus d’un siècle éminemment gaulois ou sentinelles avancées du réalisme renaissant ? Il n’en va pas autrement du symbolisme. On n’avait pas besoin d’aller demander à l’étranger les principes d’une esthétique nouvelle. Il suffisait de remonter dans le passé pour trouver dans les archives littéraires de quoi prévoir et de quoi justifier cette renaissance originale de l’idéalisme. À dire vrai, la littérature française n’a jamais cessé d’être symboliste, mais elle l’a été de