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LE SYMBOLISME

Que rêves-tu,
Assise ainsi vêtue
De pâle soie
Pour que mon cœur s’émeuve
En l’ombre qui l’entoure
De terreur folle et neuve
A notre amour ?


» Ces vers, dont nous n’avons pas à discuter la valeur intrinsèque, puisque je les improvise pour éclaircir d’un exemple la technique que vous voulez bien examiner avec moi, sont typographiquement l’analyse logique de la période, qui en fait une strophe divisée en deux demi-strophes bien apparentes par le sens complet que constituent déjà les cinq premiers vers et que souligne le changement de rimes.

» 2° Ceci nous amène à considérer le vers selon son autre objectif : l’oreille.

» Ici la théorie n’a pas à intervenir. Le poète est maître chez lui. Quelques remarques seulement. Le rôle de la rime est, à mon sens, autrement essentiel que pour les Parnassiens et la basse séquelle de leurs plagiaires. La rime est l’instrument de précision du tact : voyez Verlaine, voyez souvent Hugo, voyez les morceaux réussis des moindres poètes dignes de ce nom.

» L’allitération à l’analyse apparaît ainsi double : celle de voyelles et celle de consonnes ; la dernière est plus perceptible à l’oreille inhabile et partant la moins délicate ; par exemple dans Bossuet cette allitération en P : « Parmi lesquels à peine peut-on les placer tant la mort est prompte à remplir les places. » L’allitération a toujours existé chez les bons poètes :

MignOnne, allons vOir si la rOse


est allitéré sur les différentes valeurs de l’O [1]. »

  1. Entretiens politiques et littéraires, 1891, t. II, p. 156.