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LES MALLARMÉENS

n’est pas étranger : « Le plus grand poète, c’est la Foi [1]. » Prie, conseille Vielé-Griffin.

Car tu sauras des rêves vastes
Si tu sais l’unique loi :
Il n’est pas de nuit sous les astres
Et toute l’ombre est en toi[2].


La forme marmoréenne du Parnasse est une erreur qui achemine l’art à la mort. Elle purge le vers de toute émotion ; elle fait de la poésie une virtuosité lexicographique dont le charme n’est guère accessible qu’aux curieux ou aux érudits.

Le naturalisme achève l’œuvre néfaste du Parnasse. Il conduit aux conceptions désespérantes du pessimisme et à la cacographie du journalisme hâtif :

Le pessimisme cher, comme un crêpe, enveloppe
L’existence de son ombre désespérante ;
La prose rampe au ras du sol flairant l’immonde
Étalant au dégoût les vices pathétiques.


Le classicisme, c’est la débilité, le Parnasse, l’anémie, le naturalisme, la Mort. Vielé-Griffin proteste contre les uns et les autres. À cette vanité néfaste du fond et de la forme il oppose la religion de l’optimisme : « Ce qui caractérise le symbolisme, écrit-il, c’est la passion du mouvement au geste infini, de la Vie même, joyeuse ou triste, belle de toute la multiplicité de ses métamorphoses, passion agile et protéenne, qui se confond avec les heures du jour et de la nuit, perpétuellement renouvelée, intarissable et diverse comme l’onde et le feu, riche du lyrisme éternel, prodigue comme la terre puissante, profonde et voluptueuse comme le Mystère [3]. » La

  1. Le Plus grand poète. Entretiens politiques et littéraires, 1890, t. I, p. 277.
  2. Fleurs du chemin X.
  3. Mercure de France, octobre 1895.