Je déjeune toujours d’air
De roc, de charbons, de fer.
et cet étrange poème où semble résonner le rire d’un
dément :
Le loup criait sous les feuilles
En crachant les belles plumes
De son repas de volailles
Comme lui je me consume.
Par exaltation Rimbaud en est arrivé à cette période où l’écrivain, au milieu du feu d’artifice des impressions qu’il réussit à provoquer en lui, ne trouve plus, dans la syntaxe ordinaire, les éléments suffisants pour exprimer tout ce qu’il sent. Il va recourir à la forme la plus rapide, la plus synthétique pour résumer d’un seul coup et fixer, pour ainsi dire à la volée, les myriades d’étincelles qui jaillisent en lui.
C’est la troisième et dernière phase de l’évolution poétique
subie par Rimbaud. « Enfin, s’écrie-t-il, enfin, ô bonheur, ô
raison, j’écartai du ciel l’azur qui est du noir et je vécus,
étincelle d’or de la lumière nature. De joie, je prenais une
expression bouffonne et égarée au possible. » De cette crise
date, il l’avoue, ce chef-d’œuvre de la poésie lallaliste : Éternité.
Elle est retrouvée
Quoi ? L’Éternité
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Rimbaud poursuivant sa confession décrit alors le processus de son délire poétique : « Je devins un opéra fabuleux : je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur : l’action n’est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle. A chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. Ce monsieur ne sait ce qu’il fait : il est un ange. Cette