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LE SYMBOLISME

ginité de Marie, ni le rôle de Joseph-Concierge et il salue « la bonne femme sainte Anne » de cet au revoir assez peu rituélique :

A l’an prochain ! Voici ton cierge
C’est deux livres qu’il a coûté.
… Respects à madame la Vierge
Sans oublier la Trinité.


Dandysme, cynisme, voilà pour le fond les traits caractéristiques du symbolisme de Corbière. Il y faut ajouter cette gaîté à la fois exaspérée et truculente dont le poème Rescousse indique la limite extrême, sans oublier un certain goût de l’allégorie et des concordances dans l’ordre profane, goût que rend une seule fois visible le Duel aux camélias.

La prosodie de Corbière n’est remarquable par aucune nouveauté métrique. C’est la forme régulière, si l’on peut trouver quelque régularité dans l’irrégularité. Sa poésie est, en effet, toute en nerfs. Elle est saccadée et fringante. Corbière n’a pas à proprement parler de langage poétique. Il ne fait pas de littérature, encore moins de prosodie. Il n’est cependant pas révolutionnaire. Son vers garde au moins l’apparence extérieure du vers classique. Il se résigne à des élisions douteuses plutôt que de se permettre un hiatus ou d’allonger le vers au delà des douze syllabes accoutumées :

Pur héros de roman, il adorait la brune,
Sans voir s’elle était blonde. Il adorait la lune[1].


Il préfère user exceptionnellement d’archaïsme plutôt que de donner l’exemple d’une rime insuffisante :

Veux-tu d’une amour fidelle,
Éternelle,
Nous adorer pour ce soir[2] ?

  1. Décourageux.
  2. Après la pluie.