d’un goût douteux
[1], les antithèses vulgaires ou désobligeantes,
tout ce qui peut étonner et surprendre par la bizarrerie,
soit dans la pensée, soit dans l’expression. Il écrit par
pur snobisme des poèmes de détraqués, d’hallucinés comme
Heures ou cette ironique et mutine Chanson en si. Il transcrit
ces réflexions comiques du Grand opéra :
Elle est éteinte
Cette huile sainte
Il est éteint
Le sacristain.
ou ces comparaisons culinaires du Paris diurne :
Vois aux cieux le grand rond de cuivre rouge luire,
Immense casserole où le bon Dieu fait cuire
La manne, l’arlequin, l’éternel plat du jour.
C’est trempé de sueur et c’est trempé d’amour.
Ces fautes de goût se retrouvent là même où les poètes ont
coutume d’éviter la discordance, dans la préciosité et le
mysticisme. Corbière est précieux à la manière d’un soldat
dont l’éducation s’est faite à la caserne. Steam boat, Après
la pluie, Bonne fortune et Fortune donnent la mesure de
ces audaces pimpantes dont ces vers résument la tendance :
Moi, je fais mon trottoir quand la nature est belle
Pour la passante qui, d’un petit air vainqueur,
Voudra bien crocheter, du coin de son ombrelle,
Un clin de ma prunelle ou la peau de mon cœur.
S’il est mystique, il l’est comme un Breton, mais aussi comme un matelot en goguette. C’est du moins l’impression que laisse son Cantique spirituel, ce morceau plein de litanies verveuses qu’il insère dans la Rapsode foraine et le pardon de sainte Anne. Il n’y oublie de plaisanter ni la Vir-
- ↑ Bohème de chic.