sont variées et presque désordonnées. Le poète cherche sa
voie, il l’a trouvée dans Douze chansons. Aussi y a-t-il plus
d’unité dans cet ouvrage. Le mystère fait encore le fond de
ces poèmes, mais l’auteur ayant expérimenté que l’inconnu
restera longtemps encore l’inconnaissable, s’applique plutôt
à évoquer l’attitude de l’homme vis-à-vis de l’inconscient.
La destinée a muré notre âme dans une caverne obscure.
Sa réclusion dure depuis de si longues années que nous avons
perdu jusqu’au souvenir de la lumière :
Elle l’enchaîna dans une grotte.
Elle fit un signe sur la porte.
La vierge oublia hi lumière
Et la clef tomba dans la mer[1].
Le mystère nous entoure de tous côtes, nous en avons
vaguement conscience et nous sommes devant lui comme
de tous petits enfants :
Ma mère est-ce un grand danger ?…
Ma mère, je l’entends partout[2].
Comme l’héroïne de la neuvième chanson, nous cherchons
donc partout l’idéal qu’il récèle. Après des années et des
années de route, nous revenons fatigués de notre course,
sans avoir rien trouvé. Alors nous passons à d’autres notre
bourdon et l’humanité repart pour une épreuve nouvelle
également infructueuse :
J’ai cherché trente ans, mes sœurs,
Où s’est-il caché ?
J’ai marché trente ans, mes sœurs,
Sans m’en rapprocher.
J’ai marché trente ans, mes sœurs,