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LE SYMBOLISME

vain et avant tout scrupuleux de beauté. Mallarmé est un puriste ; il enseigne aux symbolistes que le métier littéraire est difficile et que l’œuvre d’art est le fruit d’un labeur assidu. Il a substitué au délire poétique du vates, à l’inspiration, des procédés de style ; il a transposé en littérature une méthode de composition spéciale à la musique ; il a resserré la période en élaguant tous les vocables explicatifs, en torturant la syntaxe, en faisant de la poésie une succursale de la grammaire. Pour ce théoricien du symbolisme, l’œuvre littéraire n’est en définitive qu’une association volontaire de suggestions individuelles synthétiquement exprimée par une orchestration érudite de mots rares.