son besoin d’infini, de vague et de mystère ; il s’y abîme avec
la curiosité ardente qu’il apporte à goûter des sensations
nouvelles. Au fait, est-il vraiment catholique ? Il n’en sait
rien lui-même :
J’étais naguère catholique
Et je le serai bien encor…
Mais ce doute mélancolique[1] …
Il n’accepte donc pas toutes les croyances imposées par la religion ; les confessions positives ne constituent pas à son sens la vraie religion : elles n’ont qu’un attrait, le pardon, la paix qu’elles promettent à tout chrétien [2] ; mais il ne les trouve pas malgré tout assez humaines.
Cette opinion intime de Verlaine est sensible dans le culte
qu’il a voué, comme tous les mystiques, à la vierge. Il adore
la Vierge Marie, parce qu’elle unit la plus grande douleur au
plus grand pardon. Elle est à ses yeux une femme supérieure,
plus, ma femme idéale, sans colère, sans récrimination, tout
amour, toute bonté. Elle symbolise la vraie femme ; le culte
dont il l’honore ne dérive, au fond, que d’un anthropomorphisme
idéalisé et sa conception de Dieu repose sur un principe
identique. Dieu, pour lui, c’est le symbole de la charité,
de la pitié, de la solidarité, c’est l’instinct social agrandi,
divinisé. Le Dieu de Verlaine, comme le dit excellemment
Gustave Kahn, c’est un soi meilleur :
Place à l’âme qui croie et qui sente et qui voie
Que tout est vanité fors elle-même en Dieu.
Le mysticisme de Verlaine n’est donc pas absolument celui d’un primitif ; c’est celui d’un homme qui, ayant envié la foi spontanée des ancêtres, appartient quand même à son époque et ne peut, en dépit de ses efforts, extirper de son cœur le virus de l’esprit moderne. Par inclination supérieure, il