qui n’a pas su pardonner des torts trop fréquents et que de regrets il éprouve à se rappeler la douceur et la pureté des amours conjugales [1].
Est-ce à dire que pour Verlaine la femme n’a qu’un attrait
spirituel ? N’aime-t-il en elle que la caresse de son âme ?
Non, il est homme et les joies de la chair ne lui sont pas
indifférentes. Même celle qu’il honore d’une tendresse
chaste, il la regarde avec un sentiment d’envie sensuelle. Il
la contemple :
Avec ses cheveux blonds jouant sur les volutes
De son oreille…
El son âme d’enfant rayonnant à travers
La sensuelle ampleur de ses yeux gris et verts[2].
Le chemin de la volupté est glissant, Verlaine se laisse
emporter par cette griserie qui naît des amours jeunes et les
poétise :
Ah ! les oarystis, les premières maîtresses !
L’or des cheveux, l’azur des yeux, la fleur des chairs
Et puis, parmi l’odeur des corps jeunes et chers,
La spontanéité craintive des caresses[3].
Il sait même apprécier l’heureuse fatigue qui suit des
ébats passionnés :
C’est l’extase langoureuse,
C’est la fatigue amoureuse[4].
Le poète n’affirme ici que sa virilité. Il n’affiche aucun des vices qui le tourmenteront plus tard. Si son esprit n’est pas tout à fait pur de sensualité, il ne s’oublie pas encore au libertinage. Quand il se permet des fantaisies moins chastes, il se contente de quelques galanteries assez innocentes. Il écrit sans trop y croire des fadaises sentimentales [5]. Il