déclare Verlaine dans un bel élan de lyrisme, marquant
par là, qu’en art, le plus grand des génies est la simplicité.
Voilà pourquoi, par exemple, il n’aime guère l’art japonais
« lourd comme un crapaud, léger comme un oiseau, exquis et
hideux, dont la complexité effraie ses yeux de français dès
l’enfance acquis au beau jeu de la ligne en l’air clair
[1] ».
De combien il lui préfère l’art vigoureux et puissant des
sculpteurs classiques :
Michel-Ange, Germain Pilon, Puget, Pigalle,
Telle ma statuaire, et rira qui voudra.
En eux, j’aime la Force et l’Effort qui l’égale,
Tout en goûtant ailleurs la grâce et cœtera.
En eux, avec la vie intense, aussi, j’adore,
Peut-être mieux, de vrai ! ce précis Incertain,
Et c’est pourquoi de tous nos modernes encore
Je préfère, robuste et mystique, Rodin[2].
En littérature, il faut puiser à la même source d’inspiration.
Schopenhauer « l’embête un peu » ; il ne fait pas d’Ibsen
un dieu ; la lumière pour lui ne vient ni du nord, ni du midi.
La France a des trésors suffisants pour enrichir les générations
nouvelles qui sauraient y puiser.
Laissez-moi rentrer dans l’étude
Du bon vieux temps qu’on persifla
Parmi les livres lus et sus
Je suis fou de claires paroles[3].
La force, la grâce, la clarté, telles sont, au jugement de
Verlaine, les vertus d’un bon écrivain. C’est la théorie même
du classicisme. Verlaine est par goût un classique. Il se sent
du siècle de La Fontaine et de Racine. Comme eux il abhorre
la rhétorique, il réclame la sincérité. Détestant tout ce qui
sent la littérature, écrit-il dans Invectives (XVI) :
Je chasse de ce livre uniquement privé
Tout ce qui touche à l’horrible littérature.