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LES CHAPERONS DU SYMBOLISME

tine et Musset sont mis au rancart. Lamartine est un raseur, un pleurard insupportable, Musset ne sait pas rimer. Hugo reste toujours le maître, le dieu, mais on le délaisse pour ses saints. Ceux-là sont les Parnassiens « de la famille du grand saint Éloi, l’excellent orfèvre du roi Dagobert », qui taillait, ciselait et fignolait à merveille. Floupette s’accroche ensuite à la renommée des poètes en vogue. Après s’être dit impassible, il avait été empoigné par les Humbles de François Coppée et s’était mis non sans humour à pasticher le grand homme. Bientôt pourtant, fatigué de la ville et des faubourgs, Adoré Floupette se fait poète rural. Il chante les prairies de la Franche-Comté, les gars, les fillettes, les cabarets avec un inlassable enthousiasme. Il met dans ses poésies beaucoup de petits cochons blancs et roses, quantité de ruisseaux d’argent, des bouquets d’églantines et un peu trop d’ivrognes. Après quoi, les lauriers de Zola l’empêchant de dormir, il s’enrôle sous la bannière du maître ; il rêve d’un grand poème moderne où serait résumée en vers l’évolution naturaliste du siècle. Il peint des bateaux de blanchisseuses, une gare de chemin de fer, un intérieur d’hôpital, une boucherie hippophagique ; toutes les maisons ont des gros numéros ; la poésie et la musique se réalisent dans un accouchement. Enfin Hugo devenu un burgrave, Coppée un bourgeois, le Parnasse une vieille histoire, la poésie rustique bonne pour les Félibres, le naturalisme manquant de rêve et d’idéal, que reste-t-il à Floupette ? Le Symbole ! Il le pratique à cœur perdu.

Ses confrères, les Symbolistes, se réunissent au « Panier fleuri ». C’est à ce café que Floupette un soir entraîne son ami Tapora. Il y avait là la fleur du nouveau Parnasse, MM. d’Estoc, Bornibus, Flambergeot, Carapatides et Caraboul, etc., etc., en compagnie de femmes aimables qui tutoyaient ces messieurs et buvaient à leurs frais des chartreuses et des bocks. Le plus âgé, bien qu’il n’eût pas trente ans, était un petit homme chauve, vêtu à la dernière