Elle ne pouvait tenter de vivre avec ces faibles moyens ; elle s’endormit une seconde fois. Tristan Klingsor et Henry Degron la ressuscitèrent de nouveau en janvier 1899. Elle était encore mensuelle et ses numéros comptaient 72 pages in-18 ; Mais la troisième Vogue n’avait pas plus de santé que ses deux aînées. Elle mourut, de bonne mort cette fois, en 1902 [1].
Aux jours éphémères où florissait la deuxième Vogue,
Henri Gauthier-Villars (Willy) avait écrit dans Art et Critique
un article railleur sur Joies, le recueil de poèmes de
Vielé-Griffin. La Vogue avait, en réponse, inséré une notule
plus aigre que douce. Jean Jullien qui dirigeait Art et Critique
après l’avoir installé dans un rez-de-chaussée de la
rue des Canettes, écrivit à Retté, secrétaire de la Vogue,
une lettre spirituelle où il protestait de l’indépendance
absolue de sa revue. Pour mettre un terme à ces critiques
réciproques, il offrait aux rédacteurs de la Vogue de collaborer
à sa feuille. La proposition était curieuse, venant
d’un organe alors dévoué aux idées du théâtre Antoine.
Cependant il fallait ménager la bonne volonté du directeur.
Retté lui rendit visite. Il fut par lui très bien reçu. Les meilleures
relations s’établirent. Au départ d’Arcturus, Art et
Critique servit les abonnés de la Vogue. Kahn, Vielé-Griffin,
Retté y firent des articles sensationnels sans pourtant
réussir à guérir Art et Critique de la langueur qui doucement
la conduisait à la mort.
11. Mais le symbolisme avait passé le temps des épreuves. A côté de ces revues, qui furent les asiles successifs de son état-major, le symbolisme avait vu surgir maintes autres publications qui toutes s’appliquaient à la divulgation des nouvelles théories. C’étaient en Belgique, l’Art Moderne (1881), la Basoche (1884-1886), la Pléiade qui en novembre 1890 se fusionne avec la Jeune Belgique (1881) sous la direc-
- ↑ Cf. Adolphe Retté, le Symbolisme.