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LES MILIEUX SYMBOLISTES

mandés et cachetés, en d’immenses enveloppes sur lesquelles s’alignaient des files de timbres allemands à l’effigie de Guillaume. Malheureusement, ses poèmes arrivèrent trop tard pour paraître dans le premier fascicule. A leur place Charles Henry donna un poème en prose et un dessin. Le premier numéro put enfin paraître le 11 avril 1886, avec ce sommaire imprimé sur couverture jaune claire :

I. — Stéphane Mallarmé : Pages oubliées.
II. — Paul Verlaine : Écrit en 1875.
III. — Villiers de l’Isle-Adam : Souvenirs occultes.
IV. — Arthur Rimbaud : Les Premières Communions.
V. — Léon d’Orfer : Médailles. Paul Bourget.
VI. — Charles Henry : Vision.
VII. — Gustave Kahn : Nocturne.
Courrier social. Musique. Livres. Curiosités. La Queue.


Il était signé : L’éditeur-gérant : J. Barbou ; le gérant : H. Mayence. Il comprenait 36 pages in-18 et se vendait 0 fr. 50. Malgré la valeur des rédacteurs, ce premier numéro n’eut aucun succès et ceux qui suivirent ne parvinrent pas à forcer l’attention. Au bout de cinq semaines, M. Barbou renonça à toutes ses ambitions d’éditeur et reprit le chemin de sa province. Devant cet échec, Léo d’Orfer émit une idée qui devait assurer la prospérité commerciale de l’entreprise. Sans doute la revue garderait seule le privilège d’imprimer les vraies œuvres d’art de la rédaction, mais il proposait de lui adjoindre un supplément qui insérerait avec bienveillance les productions littéraires de l’abonné et des amis. Gustave Kahn se rebiffa contre cette prétention. Il avait assez fait de sacrifices matériels pour ne pas voir sombrer le symbolisme dans le déluge de la poésie anonyme ; il menaça de démissionner. Comme il était à peu près seul à pouvoir garantir les frais de la revue, Léo d’Orfer dut céder. Le départ de M. Barbou servit de prétexte à une séparation