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« Avoir, cœur débordant d’harmonieuses fièvres
« Et du charbon divin gardant l’empreinte aux lèvres,
« Chanté, — subi, mon Dieu ! tous les deuils d’ici-bas !
« Avoir été celui que tout un peuple écoute ;
« Celui, lorsqu’il s’arrête, incertain sur sa route,
 « Qu’il choisit pour guider ses pas !

« Avoir enfin, avoir dans ces heures fatales
« Où les trônes, au sein des vieilles capitales,
« S’écroulent aux échos prolongés du canon,
« Entendu mille voix, en gage d’espérance,
« Des remparts de Paris aux deux bouts de la France,
 « Faire retentir votre nom !

« Puis, un jour, de l’oubli sentir descendre l’ombre ;
« Voir, sous les noms nouveaux et sous les faits sans nombre,
« Votre image se perdre en l’éternel remous ;
« Et, la paix succédant à la guerre civile,
 « Se dire que là-bas, dans l’inconstante ville,
 « Nul cœur ne songe plus à vous ! »