Page:Barracand - Ode à Lamartine, 1881.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Mais qu’importe le nom parmi ces noms célèbres !
Il songeait à tous ceux qu’il avait vus mourir,
Et de ces visions qui rayaient les ténèbres,
Toutes rouvraient des pleurs qui n’avaient pu tarir.

Qui donc a blasphémé le génie et la gloire ?
Qui donc a dit des morts que les plus regrettés
Voyaient s’éteindre en nous leur deuil et leur mémoire
Sitôt que dans nos vers nous les avions chantés ?

Ah ! périssent les arts, si c’est là leur office !
Meure la poésie et son culte enchanteur,
Si des oublis de l’âme elle se fait complice !
Si, l’élégie écrite, on voit rire l’auteur !

Mais non ! nul n’a jamais à ces tristes usages
Prostitué les dons que Dieu lui dispensa,
Et si quelque grand cri doit traverser les âges,
Il n’a pas consolé le cœur qui le poussa !

N’aurais-tu pas brisé les cordes, de ta lyre,
Ô toi, chantre inspiré des regrets et des pleurs,
Si l’on t’avait prédit qu’au feu de ton délire
Tu pourrais voir un jour se fondre tes douleurs ?