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C’est qu’en ses souvenirs il avait dû descendre,
Réveiller des regrets dans l’ombre ensevelis ;
C’est que, des jours éteints en secouant la cendre,
Il avait d’un linceul dérangé quelques plis,

Oh ! qui saura jamais, dans la vapeur qui passe,
Quel fantôme évoqué du sépulcre profond,
Sur un rayon de lune en traversant l’espace,
Était venu jeter cette ombre sur son front !

Était-ce toi, l’enfant vive et demi-sauvage,
Son éternel remords et son premier amour,
Ô fleur qui de Sorrente embaumes le rivage,
Qu’il dut à ses destins sacrifier un jour ?

Était-ce toi, l’amante à sa gloire enchaînée,
Source de tant de pleurs mélodieux et doux,
Elvire ; qui devais, par la mort moissonnée,
Manquer au bord du lac le prochain rendez-vous ?

Ou toi, — sa fille, hélas ! son plus charmant oracle, —
Bel ange qui laissas ton père inconsolé,
Qui, touchant avec lui la terre du miracle,
Avais ouvert ton aile et t’étais envolé ?…