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conscience de croyants

Huit jours plus tard, il y avait réunion chez Gros Paul et Irénée, qui escomptait d’avance un grand plaisir de revoir sa Lucette dans le décor familier où jadis ils avaient vécu, où ils s’étaient aimés sans nuages, eut encore une douleur. Appuyé au mur du salon, il entendait la conversation qui se poursuivait de l’autre côté dans la chambre d’en bas. C’était Bertha, la femme du Grand Boileau[1] sermonnant sa sœur Lucette. Elle lui disait :

— Tu sais, ma fille, quand on s’est promise, il faut être fidèle et ne pas donner raison à des soupçons. Irénée ne pense qu’à toi, tu ne dois pas en amuser d’autres.

— Toi, fiche moi la paix, je m’amuse comme bon me semble et s’il n’est pas content qu’il aille au balai. S’il lui pousse des cornes[2] tant pis pour lui.

— Mais, ma chère Lucette, tu sais que si je suis heureuse, ici, avec mon Gustin, c’est

  1. Voir Bertha et Rosette.
  2. Pousser des cornes signifie, en termes campagnards, devenir jaloux.