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conscience de croyants

de l’hiver 1925 ; ce n’est plus la belle fiancée qui, au récit du martyr acadien, sentait son cœur palpiter d’émotion et d’amour ; c’est la ruine physique et morale, victime de l’emprise du luxe, de la mode, du vice.

À demi assise dans son lit, Lucette, de cette oreille si sensible des mourants consomptifs, a entendu et reconnu la voix de son fiancé.

Tout d’abord, il y a un peu de gêne entre les deux jeunes gens. Entre eux, il y a tant de choses, tant de souvenirs, tant de malentendus, mais bientôt, près du lit, le fiancé est assis. Dans sa main robuste, il tient la main fine et presque décharnée de cette malheureuse qu’il a tant aimée, qu’il aime encore malgré tout.

Ce qu’ils se disent ! À quoi ils pensent ?

Au passé déjà si loin, au présent si triste, à l’avenir sans espérance.

Mais non, ils ont l’espérance, ces croyants. Ils espèrent en Dieu, en sa justice, en son ciel, récompense et repos de ceux qui ont aimé, souffert et pardonné.