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conscience de croyants

Sur les bords du Richelieu, un de ces malheureux déracinés a cru pouvoir refaire sa vie. Il a quarante ans et dix enfants. À St-Méthode, il avait deux cents arpents de terre inférieure à nulle autre comme fertilité. Il avait quarante vaches, des chevaux, des porcs, des moutons ; à St-Méthode il avait une maisonnette, petite, mais propre, des granges en bon ordre, une étable commode. Il était chez lui.

Ses enfants grandissaient au milieu des champs. Canadiens solides à la foi vive, ils ont dû partir et maintenant, pauvres épaves, vous les retrouvez quelque part sur les rives du Richelieu. Le père, cultivateur dans l’âme, sera locataire ou fermier et les enfants, mercenaires dispersés depuis le Bassin jusqu’aux îles, seront engagés chez les cultivateurs qui veulent de leurs services.

Leurs noms ? À quoi bon les nommer. Ils s’appellent Canadiens-français, catholiques et cela suffit pour qu’on leur refuse la plus élémentaire justice.