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conscience de croyants

Ce qui se passe dans l’esprit et le cœur du désespéré est plus facile à comprendre qu’à dire.

Comme celui qui s’éveille d’un long cauchemar, Irénée Dugré sent en lui un malaise que la voix du prêtre dissipe.

— Mon enfant, tu n’as pas le droit de tuer. Tu n’as pas le droit d’ôter la vie à ton semblable, ni de te l’ôter à toi-même.

— Mais mon père qui vous a dit ? Pourquoi m’avez-vous arrêté ? J’allais faire justice de ce misérable qui ne vaut pas un chien.

— Mon frère ! Penses-tu avoir le droit d’être juge rendant arrêt de mort et exécuteur de l’arrêt ? Et ensuite, après avoir tué, tu aurais été pris. As-tu pensé à la honte de tes parents, au déshonneur de ta famille ?

— Ma famille n’aurait pas été déshonorée ; après avoir tué l’infâme, je me serais tué ; toujours, on aurait ignoré comment j’aurais fini.

— Et ton âme ? Accepterais-tu l’enfer pour toujours sans même y penser ?