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BERTHA ET ROSETTE

joie, une seule consolation : les lettres qui me viennent de toi ; je les gardes, je les relie, tant qu’elles ne sont pas devenues des chiffons sales. Il y a bien longtemps que je n’en ai pas reçues. As-tu oublié ton ami ? Le dimanche après-midi, tu ne travailles pas ; si tu m’écrivais tous les dimanches, quel bien tu me ferais.

« Tes lettres sont la seule joie que je puisse avoir ici. Si réellement je suis quelque chose pour toi, tu ne me refuseras pas cette consolation… »

La lettre continuait, mais la jeune fille en avait assez. Ses épaules secouées de courts sanglots, elle disait au Père Ballard :

— Oui, je vois le mal que j’ai fait, mais je ne savais pas. Je n’ai pas tout dit. J’ai été cinq semaines sans écrire, et Augustin en a souffert. Il a cru que je le délaissais pour cet Américain…

— Et tu l’aimais, le bel Américain ?

— Non, je n’ai pas le droit de l’aimer.