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BERTHA ET ROSETTE

Au lieu de répondre, le prêtre eut une demande.

— Dis bien tout, mon enfant ?

— Mais, mon Père, je vous demande si c’est mal ce que j’ai fait ?

— Ce n’est pas mal d’être tenté ; mais ce qui est mal, c’est de céder à la tentation, ou encore de s’exposer à la tentation.

Tiens, tu as une lettre de ton promis, lis-là et tu verras.

Le vieillard voulait-il gagner du temps pour réfléchir, ou bien avait-il l’intuition de ce qu’était la lettre ? Peut-être les deux.

La lettre était tout simplement une plainte venue du cœur de l’absent. Datée de novembre, elle disait :

« La vie est bien triste, c’est bien long. Parfois, je me surprends à désirer qu’une balle vienne mettre fin à cette existence de damné. Si tu savais ce que c’est que de vivre ici. Si tu savais comme on s’ennuie dans ces pays de pluie et de boue, dans cet atmosphère de sang et de poudre. Je n’ai qu’une seule