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BERTHA ET ROSETTE

et cherchait sa voie. Délicatement il avança un siège à l’enfant de vingt ans, s’assit près d’elle, puis de son ton le plus doux :

— Voyons, mon enfant, raconte-moi ta peine. Tu verras que cela soulage ; le fardeau est bien moins lourd à deux.

D’une voix basse, la fiancée raconta sa vie depuis un an, son ennui, son affection sincère pour l’absent, ses prières pour son retour sain et sauf. Elle dit l’arrivée des Américains, les visites fréquentes, le plaisir éprouvé en la compagnie de M. Sam ; franchement elle avoua l’ennui de son absence, la joie éprouvée de son retour. Elle raconta la tentation de la veillée du bouquet, puis demanda :

— Dites-moi, mon Père, est-ce mal ce que j’ai fait là ?

Tête baissée, le prêtre ne répondit pas tout de suite. Il réfléchissait et le temps dut paraître bien long à la consultante, puisqu’elle répéta, presque suppliante, sa question :

— Mon Père, est-ce mal ?