Gustin avait manqué de consolation ; le rayon d’espérance s’était assombri ; il sentait doublement sa souffrance, et il allait boire de cette boisson qui réchauffe et engourdit.
Au-dessus des têtes, un boulet passe. Son sifflement est caractéristique ; on reconnaît le projectile de ces grosses pièces allemandes. L’un des soldats de dire : « Tiens, voilà Bertha ! »
— Où cela ? fait Gustin se retournant. Puis il rit de sa méprise. Sa Bertha, comme elle est loin… Mais la diversion est faite. En un éclair, il se revoit donnant à sa promise le baiser des fiançailles et le baiser d’adieu. Sa promesse lui revient en même temps. « Jamais, je ne boirai ! »
C’est promis à sa fiancé, c’est promis à son Dieu, et il tiendra sa promesse.
Tit Luc a bien écrit que l’Américain va finir par enjôler la plus belle fille de Roberval, sa Bertha à lui… Mais si Bertha manque à sa promesse, lui Gustin, tiendra la sienne.