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BERTHA ET ROSETTE

De toutes les souffrances endurées, la pire est encore la souffrance morale. L’homme perdu dans la nuit profonde, reprend un peu d’espoir s’il voit une lumière, même une simple et petite lumière. Pour le soldat, la lumière lointaine, c’était sa promise, sa Bertha, à qui il pense jusque dans son sommeil.

Mais la lumière s’est obscurcie. Depuis des mois, pas une lettre de sa promise.

Au début le service postal était assez régulier, puis il est devenu détestable ; depuis des mois, pas une lettre, ou plutôt il en est venue une : une qu’il aurait mieux valu ne pas recevoir. C’est un ami de Roberval, un compagnon de chantier, Tit Luc Laframboise, qui lui rapporte « les faits et nouvelles de chez nous. »

Or dans sa lettre, Tit Luc a écrit qu’un Américain, riche à millions, tourne et retourne autour de Bertha.

Cette pensée aiguë comme un dard, occupe son cerveau, lui entre dans le cœur : Sa Ber-