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BERTHA ET ROSETTE

défaut. Alors on laisse où ils sont, ces bons Canadiens.

Il fait froid. Pas de ce froid sec et sain du Canada ; pas de ce froid qui gèle presque sans douleur celui qui s’y expose, mais un froid humide qui ne gèle pas mais transit, pénétrant pour ainsi dire jusqu’aux os. Malgré tout, Gustin dort. Il faut être bien fatigué pour dormir là.

Les parois de la tranchée sont humides, mais pour être appuyé quelque part, il faut bien s’y accoter. Aussi la capote du soldat est boueuse et mouillée, mais qu’importe la boue, la saleté, Gustin est à bout et il dort.

La musique infernale des canons et des obusiers se fait entendre dans un grondement presque continuel ; rien n’y fait, Gustin ronfle.

Pour le réveiller, il faut le prononcé à haute voix de son nom, ou plutôt de son surnom, car au régiment on l’a surnommé : Boileau (boit l’eau.).