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BERTHA ET ROSETTE

simplement faire une promenade et revenir dans quelques mois, après un beau voyage et avec leurs gages.

Comme tant d’autres, Gustin devait tomber dans le piège.

Augustin Tremblay n’était pas un ivrogne, loin de là ; à peine lui arrivait-il de prendre un coup de temps à autre. Ce fut cependant sa perte. Un jour qu’à Chicoutimi il s’était amusé avec quelques gais lurons, il rencontra deux individus, racoleurs de soldats. Le fit-on boire plus que de raison ? Ou bien dans le gin qu’on lui servit, y eut-il quelque drogue stupéfiante ? Mystère. Toujours est-il qu’il se trouva enrôlé volontaire dans la force expéditionnaire pour outre-mer.

Dire son regret, dire combien il maudit la boisson qui lui avait fait perdre la notion de sa volonté, serait difficile. C’était fait, récriminer eût été inutile. Trop orgueilleux pour avouer sa saoulerie, Gustin prétendit s’être enrôlé par patriotisme, proclamant que la vue des nombreux soldats des puissances