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BERTHA ET ROSETTE

— C’est ce qu’on va voir. Je suis sûr que tous les Esaü ne sont pas morts. Nous achèterons le droit d’aînesse des Canadiens, et tu verras qu’avec de l’argent, on plie bien des consciences.

— La mienne ou la tienne, peut-être ? Mais celle des Canadiens ? J’en doute. Nous en avons eu un échantillon hier matin avec notre guide. Il n’y avait pas de diable pour lui faire risquer de manquer sa messe. Tu te rappelles aussi l’argent que tu as laissé traîner dans sa chaloupe et qu’il t’a remis, alors qu’il aurait si bien pu le garder. Et sa femme qui t’a vite réglé le cas de religion : « Pas d’inventeur et de marchands de religion. » Je te dis qu’avec les Canadiens, leur foi vive, leur conscience de croyants, tu ne feras pas grand chose avec ton plat de lentilles ou ta souscription à une caisse électorale.

— Je ne ferais rien du tout si j’avais affaire à Neuville ou à ses pareils. Mais les gouvernants ne sont ni des pêcheurs, ni des bûcherons, ni des cultivateurs.