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BERTHA ET ROSETTE

passaient le temps ; déjà on était au jeudi soir.

Le vendredi, le vent poussa la barque vers l’Île d’Alma. Au quai de Mistouc, les touristes s’étonnèrent qu’à l’embouchure d’une rivière, l’eau semblât se porter vers les îles.

— Ce n’est pas une embouchure de rivière, c’est la Décharge, leur dit Neuville.

— Comment, la Décharge ? fit le Juif.

— Bien oui, c’est par là que se vide le lac.

— Il faut aller voir, dit Nicholson.

— Impossible, messieurs, si nous entrons dans le courant, nous serons entraînés et perdus.

Mais rien n’arrête un Américain associé à un juif, surtout quand ils ont à leur service un Canadien pur sang, de la trempe de Robert Neuville.

Il fallait voir. La barque fut attachée au quai de Mistouc, et laissant rames, lignes et ouananiches, les trois pêcheurs marchèrent le long de la grève ; au bout de vingt minutes ils étaient en vue d’un premier rapide.