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BERTHA ET ROSETTE

Invité pour la noce, il se déclara incapable d’y assister. Au presbytère, dans le silence et le recueillement, il remercia son Dieu dans une longue et fervente action de grâce.

Le cortège était en marche. La gaieté fusait dans les chansons de circonstance. Un couple pourtant restait triste et songeur. Oncle Placide et tante Maria ne pouvaient s’empêcher de penser à leur fille. Où était-elle maintenant ?

Placide aimait passionnément les enfants, il avait toujours espéré être appelé, grand’père. En imagination, il se voyait vieilli, mais encore solide, faisant sauter sur ses genoux une gentille fillette, aux bras potelés, aux menottes roses, qu’il aurait fait danser au cri de enco… enco… pépère !

Peut-être était-il grand’père, mais le savait-il ? À la Miséricorde, aux enfants trouvés, qui sait ? Un enfant qui jamais ne connaîtrait sa famille : une épave qui toute sa vie souffrirait des fautes de ses ascendants ; et dont les plaintes, peut-être les malédictions, mon-