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BERTHA ET ROSETTE

Nos pères avaient des superstitions, mais ils croyaient surtout au bon Dieu, à sa puissance. Aujourd’hui la foi en Dieu s’émousse, et comme il faut des croyances, on en prend d’absurdes. Par exemple, pour assurer richesse aux époux, on les bombardera de riz ; ou bien encore, madame la mariée devra éviter de passer sur l’ombre de son mari, au risque d’en faire un époux infidèle, et que sais-je encore ?

La noce fut gaie. Le vieux Père Ballard donna la bénédiction nuptiale ; puis, au moment où les époux, après avoir signé leurs noms dans les registres de l’état civil, venaient une dernière fois lui tendre la main, il eut un mouvement spontané : prenant dans ses mains tremblantes la tête de Tremblay et celle de sa jeune femme, il mit sur leurs joues vermeilles un baiser de ses lèvres de vieillesse, de ces lèvres qui depuis au delà de cinquante ans, n’avaient donné ni reçu un baiser.