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BERTHA ET ROSETTE

Rivest avait calculé que quatre nuits de marche les mettraient en terre neutre. Il avait compté sans le détour de la première nuit ; il n’avait pas tenu compte des retards inévitables d’une marche cachée de fugitifs.

Leur faiblesse extrême, résultat des privations de leur captivité et du manque de nourriture à la suite de leur évasion les retardait encore.

Pendant dix jours, ils se cachèrent. Pendant dix nuits, ils marchèrent presque au hasard, se dirigeant vers l’ouest à l’aide de la boussole. Mangeant ce qu’ils pouvaient trouver de fruits et de légumes, ayant parfois l’aubaine de lester une vache de son lait.

Cette nuit du 30 juillet, ils avaient fait très peu de chemin. Quiconque les eut rencontrés aurait cru voir deux spectres. Maigres et décharnés, ils allaient d’un pas trainant poussés en avant par un reste de volonté.

Le soir ils avaient pris la route, se disant que mieux valait le danger d’être repris que de mourir de faim.