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BERTHA ET ROSETTE

imposait parfois, ils le devinrent encore plus. Rivest obéissait à son compagnon. Ils partageaient la même brassée de branches de sapin qui leur servait de matelas. Ils se séparaient également la maigre ration de pain ou de gruau d’avoine moulue. Parfois le fou faisait des excursions jusqu’à la cuisine et il en rapportait un morceau de viande volée au cuisinier boche. Pour un autre, cela aurait mérité le cachot pendant plusieurs jours, mais lui, il était fou, on ne lui en tenait pas compte.

Les jours, les semaines, les mois passèrent. Un jour de juillet 1917, Augustin Tremblay, plus sombre que jamais, se laissa tomber sur la botte de branches de sapin, et il pleura comme un enfant, de désespoir et d’ennui

Un instant, le fou parut vouloir faire une de ces farces insensées dont il était coutumier. Après un rapide regard circulaire, voyant qu’ils étaient bien seuls et un peu éloignés des gardiens, il vint mettre sa bouche tout près de l’oreille de son ami.