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BERTHA ET ROSETTE

le, ses parents finissaient par la donner à un bûcheron ou à un vacher.

Toute férue de cette idée de sa supériorité corporelle et surtout intellectuelle, Rose restait distante avec les bons travailleurs de son entourage. Elle les considérait comme d’une essence inférieure et attendait sans impatience le prince charmant, citadin bien mis, qui viendrait l’arracher à cette triste vie d’habitant où un triste sort l’avait fait naître

La maman n’était pas absolument étrangère à cette mentalité de sa fille. Lorsqu’au retour du couvent, Rose avait obtenu ses diplômes, la maman avait adopté un dada : « Rose, tu es jolie, nous n’avons rien épargné pour faire de toi une demoiselle, tu devrais être capable de trouver un Monsieur. »

Rosette en tirait conclusion que son mari ne serait ni un cultivateur ni un bucheron. Ce n’était pas Monsieur, cela. Ce qu’elle attendait, c’était un monsieur bien mis, quelqu’un qui porte de beaux habits à la semaine, qui a les mains blanches et exemptes d’am-