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BERTHA ET ROSETTE

À la visite de l’Américain, venu pour veiller, elle refusa de paraître, prétextant indisposition. Le lendemain, elle demanda et obtint facilement la permission d’aller passer une semaine chez son oncle Placide Sanschagrin, à Saint-Prime.

Placide était l’époux de Maria Neuville, sœur de Robert. Il était bien l’homme le plus placide du monde. Jamais homme sur terre n’avait porté un nom plus approprié.

Pour lui, rien ne valait la peine de s’énerver ou de prendre du chagrin.

« Du chagrin, on ne peut pas toujours s’en exempter, disait-il, mais quand on s’appelle Placide Sanschagrin, on ne s’excite pas pour rien et on s’arrange pour avoir aussi peu de chagrin que possible. »

Cette méthode ne lui avait pas trop mal réussi jusqu’alors. Il avait vieilli sans trop d’inquiétude, et avait élevé une petite famille qui ne lui causait pas encore de chagrin. Il se disait content de lui, de sa femme, de ses enfants et surtout de la Providence.