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BERTHA ET ROSETTE

Le hasard ou la Providence les rapprocha, et bientôt ils s’aperçurent qu’ils étaient côte à côte.

Mais les Allemands ne pouvaient pas ainsi abandonner toute une section de tranchées ; quant à la reprendre, ils en comprenaient l’impossibilité immédiate. Pour eux, l’important, c’était d’arrêter, coûte que coûte, la marche des Canadiens, qui de boyau en boyau étendaient leurs conquêtes. Ils eurent donc recours au moyen extrême et leur artillerie entra en danse. Ce ne fut bientôt qu’une masse confuse de terre brune, soulevée, émiettée, bousculée, puis le silence et la nuit, nuit noire sans lune ni étoile.

Nuit horrible, dans une odeur de poudre et de sang ; au silence lugubre coupé du râle des mourants et des plaintes des blessés, à qui personne ne pouvait porter secours sans être victime à son tour.

Dans la tranchée conquise, les poilus veillaient. Dans la partie qu’ils avaient pu con-