Page:Barrès - Un jardin sur l’Oronte, 1922.pdf/72

Cette page n’a pas encore été corrigée

jeune homme tombait sur le large ruban, ce qui fait qu’après trois minutes, en jetant son aiguille, elle lui dit :

— Petit chrétien, je viens de te coudre à cette écharpe.

Et toutes d’applaudir. Les lèvres de rubis souriaient, les joues brillaient, les boucles de cheveux voltigeaient, certains regards étaient voilés par de longues paupières, et d’autres étrangement gais. Guillaume voyait les gouttes de sueur qui perlaient sur ces jeunes visages d’Orient, et comme pour comprendre ces gazouillements d’oiseaux il était obligé, si bien qu’il sût le langage sarrasinois, de surveiller de près le mouvement de leurs lèvres, il apercevait cette vivante humidité des jeunes bouches qui atteste aussi bien que le feu des prunelles que des beautés ne