Page:Barrès - Un jardin sur l’Oronte, 1922.pdf/69

Cette page n’a pas encore été corrigée

à le rejoindre dans les kiosques et à traverser fréquemment les jardins.

Isabelle s’arrangea un jour pour qu’il y passât au moment où tout le harem s’y tenait. C’était aux heures douces du soir, sous le verger, une fête d’Asie. Le jardin de fleurs était devenu un paradis de filles. Toutes ces dames musulmanes, vêtues de soies éclatantes, couvertes de voiles de couleurs, chaussées de brodequins dorés, parées de colliers, de fards et d’odeurs, les unes marchant avec fierté comme des paons sur les pelouses, d’autres légères comme des gazelles, la plupart assises sous un cèdre, entouraient la Sarrasine. Des oiseaux de paradis autour d’un jeune aiglon. Elles mangeaient des sucreries et jouaient au trictrac, tandis que des colombes et des perdrix rouges sautillaient et