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à l’Émir que les chants qu’elle lui offre sont plus puissants que les divertissements chrétiens. C’est décisif qu’après l’avoir entendue tu ne désires plus retourner à ce que la veille tu préférais à tout.

« Ah ! pensa le jeune homme avec tristesse, elle est habile. »

Isabelle regardait avec autant d’étonnement que d’amitié les yeux de feu de ce jeune étranger, car elle n’avait pas jusqu’alors l’idée que l’on pût voir dans une femme un être surnaturel.

— Ne pourrai-je pas un jour causer avec cette divinité ? lui disait-il.

— Si fait, petit chrétien, mais en attendant je te peins à elle avec les plus jolies couleurs, et sache qu’elle m’écoute avec curiosité, car le poète l’a dit : « La cage a beau être couverte