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ritation, blessait mortellement le cœur.

Sans lassitude, la Sarrasine, multipliant ses thèmes dans la nuit, égrena sur la roseraie le rosaire de ses nocturnes. À la fois chaste et brûlante, elle montait de la langueur au délire, pour redescendre au soupir, et parfois endolorie comme un papillon dans les mailles d’un filet, d’autres fois guerrière et prête à tuer, elle faisait jaillir du ciel et de la terre tout ce qu’ils peuvent contenir de pathétique voluptueux.

« Elle va mourir, pensait le jeune homme. On a vu des rossignols expirer dans leur cantilène. Comment une telle force ne brise-t-elle pas un gosier de femme ! Est-ce donc un monstre qui palpite sous ces glycines du balcon ? »