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allait éclater quelque enchantement.

Les deux hommes s’assirent sur des tapis, au-dessous d’un balcon obscur qu’enveloppaient de longues glycines. On entendit un bruissement de plantes et de soies froissées, puis une voix saisissante s’éleva :

« La rose, dans sa brève saison, se hausse par-dessus les clôtures, et le rossignol l’émerveille en lui racontant l’univers… Rose fortunée de courir le monde, en esprit, sur l’aile du rossignol ! Moi, j’ignore les voyages, les périls, l’étonnement, et si la rose tient ses couleurs des blessures du rossignol, nul cœur, devant moi, ne saigne. »

Il y eut un silence plein de ténèbres et de parfum, et puis la voix reprit :

« Les fleurs ont-elles vécu avant que le maître ait passé ? Dans les jardins