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— Quelle musique veux-tu que mes musiciens te jouent et quel vin désires-tu que je te fasse verser ?

— Je pense à une ivresse qui s’acquiert sans vin ni musiciens. Nous n’avons pas vos richesses, mais, dames et chevaliers, nous nous réunissons parfois pour entendre des histoires de guerre et d’amour. Dernièrement on nous a récité le merveilleux enchantement de Tristan et d’Iseult, et nous nous réjouissions à regarder de jeunes visages émus par les mêmes sentiments qui nous troublaient.

— Crois-tu, dit l’Émir, que je sois comme le paon qui étale au-dehors toutes ses richesses ? Mes tapis, mes pierreries, mon pouvoir même, qu’est-ce que tout cela, si je n’avais pas en secret quelque chose de plus beau ?