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— Je désire que ce soit Isabelle qui me tienne la main et me ferme les yeux. Votre image demeurera sous mes paupières baissées, mais j’ai confiance qu’Isabelle m’assistera plus sûrement que vous qui n’êtes pas née pour vous détourner, fût-ce une seconde, de votre personne. Cependant, je voudrais entendre jusqu’à la fin votre voix ; non pas vos pensées, qui sont mélangées, mais votre voix toute pleine du ciel où je désire aller… Ce n’est pas vous que j’aime, et même en vous, je hais bien des choses, mais vous m’avez donné sur terre l’idée du ciel, et j’aime cet ange invisible, pareil à vous, mais parfait, qui se tient au côté de votre humanité imparfaite… Adieu, meilleure que moi qui vous juge si durement et vous aime ; adieu, je vais m’agréger, dans