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asseoir au petit café sous les peupliers de l’Oronte.

Quelques Arabes commençaient d’y arriver, car le soleil descendait sur l’horizon, et déjà les colombes et les hirondelles ouvraient leurs grands vols du soir. Mon savant se plongea dans l’examen de son grimoire, et moi, sous les beaux arbres, — pareils aux arbres de chez nous, mais qu’ici l’on bénit de daigner exister et fraîchir à la brise, — en face de cette eau de salut et devant ces humbles roues de moulin élevées à la dignité de poèmes vivants, je goûtai la volupté de ces vieilles oasis d’Asie, accordées invinciblement avec les pulsations secrètes de notre âme. Inexplicable nostalgie ! À quel génie s’adressent les inquiétudes que fait lever dans notre conscience un décor