Page:Barrès - Un jardin sur l’Oronte, 1922.pdf/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

cœur, puisque avant son amour je n’étais qu’une morte. »

En achevant de chanter elle eut pour sire Guillaume un regard où elle lui transmit d’âme à âme son secret : la courageuse volonté de vivre en acceptant les conditions de la vie. L’amitié qu’elle lui gardait demeurait ferme sous la vague mobile, mais elle accueillait toute la vaste mer. Et lui, son visage altéré, son cœur défaillant, tout son être détruit par cette beauté éblouissante dont il réprouvait la plasticité diabolique, il songeait : « Ce n’est pas elle que j’aime, mais une autre, sa supérieure, dont sa présence donne une idée et que je veux aller chercher par-delà la mort. »

Et tout en mâchant sa douleur il affectait de garder une attitude insou-